Boeing rompt avec son Jumbo Jet bien-aimé

Une étude de marché effectuée par le constructeur de Chicago a rayé de la carte la catégorie des « très grands » avions (celle du Boeing 747), pour la fusionner avec celle des avions à fuselage « moyen et large ». Cela implique une transition des avions de ligne vers des appareils plus petits et plus économes en carburant, tels que le 777X et le 787 Dreamliner. Néanmoins, il est possible que le 747 survive grâce au transport privé et à l’affrètement d’avions privés pour des dignitaires et chefs d’état, ou encore grâce au transport de fret.

L'histoire du Boeing 747

Le Boeing 747, ce géant à fuselage large doté de quatre moteurs, est l’un des avions de ligne les plus célèbres de tous les temps, surnommé le « Jumbo Jet ». Cet avion a été utilisé par la NASA et l’armée américaine et est apparu dans pas moins de 300 films, notamment dans la saga Die Hard. Il a surtout marqué les esprits en tant qu’Air Force One, l’avion privé du président des États-Unis. Le spacieux 747 est également à l’origine de nouvelles normes dans l’aviation privée.

Mais cet avion atypique, doté d’une bosse marquant son pont supérieur, a vu sa cote baisser durant ces dernières années. En septembre 2015, Boeing a annoncé une réduction de moitié de sa production. Ensuite, en juillet 2016, l’avionneur a laissé entendre qu'il envisageait de mettre un terme à la production de son 747 suite à de faibles ventes. Delta et United, les deux dernières compagnies aériennes américaines à exploiter le 747, ont annoncé qu’elles le retireraient de leur flotte d’ici la fin 2017.

Un marché en mutation

Selon les prévisions de Boeing pour les 20 prochaines années, les compagnies aériennes favoriseront les avions à deux moteurs et moins énergivores pour les vols long courrier. Citons par exemple le 777X et le 787 Dreamliner. L’entreprise réfléchit également à un nouveau programme d’avion visant le milieu du marché afin de proposer une nouvelle version de son 737 MAX 9.

Boeing entend répondre aux demandes d’un marché qui favorise de plus en plus les petits avions plus économes en carburant. Le constructeur a déjà réduit sa production du 747 suite à une baisse de la demande. Outre la question de l’efficacité énergétique, la fin de la production du 747 se justifie par une modification des trajectoires de vol. Les réseaux de liaison ont changé et permettent aujourd’hui aux plus petits avions d’atteindre directement les petits aéroports, ce qui réduit drastiquement les demandes en gros avions reliant d’importants aéroports.

L’approche différente d’Airbus

L’approche de Boeing est diamétralement opposée à celle d’Airbus, le constructeur du concurrent direct du 747, l’A380. Le 19 juin, au Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris, Airbus a annoncé son intention d’apporter des améliorations à l’A380 dans l’espoir de stimuler la demande.

Et ce malgré quelques années difficiles pour le géant d’airbus, notamment lorsque Forbes a annoncé en juin 2016 que les jours de l’A380 étaient comptés. La production d’A380 s’est limitée à 28 par an durant de nombreuses années et on estime qu’elle chutera à 1 par mois en 2018.

« [Airbus] a vu grand, nous avons vu plus petit mais plus efficace, » a affirmé en juin Mike Delaney, le vice-président et directeur général du développement d'avions de Boeing, dans un article du Washington Post. « Nous survolerons nos concurrents en investissant dans les avions plus légers. »

En juin, cette stratégie a porté ses fruits au Salon du Bourget. Boeing a détrôné son concurrent en termes de vente, malgré l’avantage sur le terrain d’Airbus. L’entreprise française a reçu 326 nouvelles commandes nettes et engagements, alors que Boeing en a annoncé 571. Les résultats de Boeing ont été boostés par l’annonce du lancement d’une nouvelle version du 737, leur avion le plus vendu.

La disparition progressive du 747 est un autre coup dur pour la position de la Californie du Sud sur la scène de la construction de gros avions. L’un des fournisseurs de Boeing dans la région est une usine de panneaux de fuselage de la ville de Hawthorne. L’usine comptait auparavant des milliers d’employés. Aujourd’hui, 300 personnes y travaillent.

Le futur du 747

Deux lueurs d’espoir se profilent à l’horizon du 747. Dans l’immédiat, le 747 conservera tout de même son célèbre poste en tant qu’Air Force One, étant donné que le président Donald Trump a signé un nouveau contrat avec Boeing en janvier 2017. Le président Trump fera perdurer la tradition qui a vu le jour en 1990. Il voyagera à bord de deux ou trois 747 fortement adaptés. Le 747 a été utilisé comme jet privé par les présidents américains George H. W. Bush (qui a choisi cet avion pour l’Air Force One), Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.

En outre, un bel avenir se profile pour le Boeing 747 en tant qu’avion cargo, sa taille étant un avantage considérable dans ce domaine. Le Boeing 747 Dreamlifter, également connu sous le nom de Boeing 747-400 Large Cargo Freighter peut transporter trois fois le volume que peut contenir un avion cargo 747-400F. La demande pour le Boeing 747 en tant qu’avion cargo est toujours élevée : en 2016 UPS a commandé 14 avions cargos Boeing 747-8 et a également signé une lettre d'intention portant sur l'achat de 14 avions supplémentaires.

L’immense 747, qui est apparu dans les années 70, époque durant laquelle les liaisons de longue distance ne cessaient d’augmenter, sera remplacé en tant que numéro 1 des ventes de Boeing par le 777X. Boeing estime que l’avion à 400 sièges, qui sera le plus grand des avions, prendra son envol d’ici 2020.

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